dimanche 28 août 2011

Poète


Les paumes lissées d'être porte-voix
Voix qui s'est creusée au vent
Un bruit de désert dans une eau de silence
Il tousse sa vie vers les tympans sourds

Les vagues les ont arrondies
Ses petites fiancées d'août
Et dans son coffre enroué
Des trésors de violence
Miment leurs vies de château de sable

Il joue au loup avec le temps
En fige les mots de ses huit doigts glacés
"A celle qui savait la mer
Rongée par le sel"

Il en écrira tant
Sur elle et dans leur dos
Chloé, rire de sodium
Et bavure d'encre bleue
"J'en emplirai les eaux"
Tant promis sur le sable
Que le marchand passa

La suite est connue

Trois grains dans les yeux
Deux lignes d'horizon
Allongées sur la plage grise
Où pissent à vau-l'eau
A marée montante
Les chiens écrasés

J'en parle, c'est que je l'aimais
J'ai reçu en héritage un laisse de mer
Et sa dépouille de bois flotté

Milo, Août 2011.

mardi 16 août 2011

Dans la rue Edison...

"mors misera non est commori cum ultimum verbum (ou un truc comme ça*)"
"Ce n’est pas un malheur de mourir avec le dernier mot"
LUPANARIUUS OLYBRIUS, Empereur romain dyslexique


Dans la rue Edison aux pantins sans valeur,
Pantalons de velours, fortune en fort fergé,
J’ai vu déambuler, candélabre avaleur,
Les yeux illuminés d’un vieux chien de clergé

Condamné qui s’ennuie balançant l’encensoir
Chapelet purgatif pendu à la soutane -
En vadiretreau dru, clouté d’or exutoire,
Prêchant l’amor dans l’arme, en soufflant du méthane

Rue Edison, le glas des vies que l’étain scelle
Résonne en vol, flattant l’égo de l’inspiré,
Quand un gamin dont l’œil s’éteint en sentinelle
Réclame au clerc un calme impie pour expirer

« A vivre sans subtil, on périt seul un soir »
Sermonnait le curé, lui promettant l’enfer
L’indigent réplica -argument péremptoire-
« Ta gueule!……», puis mourut sans s’en faire.


Milo, Août 2010.